« T’es stressé, détends-toi un peu », « Je sens le stress monter », « Arrête ce bruit, tu me stresses ! ». Le terme de stress est omniprésent dans nos vies quotidiennes et pourtant, peu de personnes en connaissent le sens exact.

On entend souvent, dans le langage de nos proches (et dans le nôtre), émerger le terme de stress. En ce sens, il est devenu une notion fourre-tout, regroupant sous son aile l’énervement, l’anxiété, la peur, la tristesse… Or ces concepts (des émotions) ne sont pas (que) du stress ! De la même manière, le stress n’est pas seulement causé par des événements négatifs. Il est donc nécessaire de procéder à une définition et un court historique de ce qu’est le stress pour en saisir toutes les subtilités. Deux éléments sont importants pour comprendre le stress : l’adaptation, et l’évaluation.

Le stress a été défini pour la première fois par Hans Selye, un endocrinologue hongrois, en 1956. Il le définit à travers ce qu’il appellera le syndrome général d’adaptation. Sous ce terme un peu obscur se cache le processus qui conduit au stress chronique et à l’épuisement de l’organisme. En somme : trop d’adaptation tue l’adaptation. Dans cette théorie, il décrira donc le stress comme quelque chose d’essentiellement négatif s’il est présent sur la durée. En revanche, il peut constituer un élément positif s’il est ponctuel et adapté. En clair : un peu de stress, c’est bon, trop de stress, c’est moins bon. Cela vous parait obscur ? Je m’explique… Le stress, et c’est cette définition que nous retiendrons, est une réponse de l’organisme aux pressions de l’environnement extérieur dont le but est l’adaptation à ces dernières. C’est le stress qui fait que nous, êtres humains, sommes toujours en vie, et (presque) au sommet de la chaîne alimentaire. En effet, il nous permet de nous enfuir quand un danger approche de trop près et de savoir à quelle distance se tenir des éléments potentiellement dangereux. Mais vous devez vous demander pourquoi certaines personnes sont si à l’aise quand il s’agit de parler devant des amphithéâtres bondés alors que vous ne pouviez pas vous empêcher de trembler, d’avoir la bouche sèche, d’avoir le cœur qui palpite à l’idée de présenter un exposé devant vos camarades d’école. L’explication est qu’aucune situation n’est fondamentalement stressante, c’est l’évaluation qu’on en fait qui amène le stress. C’est ici qu’intervient un élément important lorsque l’on parle du stress : l’évaluation. Lorsqu’une situation se présente à un individu, il en fait une évaluation extrêmement rapide qui la classe dans une catégorie parmi les deux suivantes : situation non stressante ou situation stressante. Si l’événement appartient à la première catégorie, l’organisme de ressentir aucun stress donc pas de palpitation, de boule en ventre, de bouche sèche. En revanche, si l’événement est rangé dans la seconde catégorie, alors l’organisme percevra une menace potentielle. Face à cette menace, il sera nécessaire d’évaluer ses capacités à y répondre. Là, se joue une seconde évaluation, celle de la capacité à faire face à la menace. Si l’organisme estime qu’il est capable d’affronter la menace, de la contrôler et de la vaincre (par exemple : « je ne risque pas de me faire mordre par ce chien puisque je cours plus vite que lui et pourrai m’enfuir avant qu’il ne m’attrape »), alors la réaction de stress sera minime, presque tuée dans l’œuf ! En revanche, si les capacités semblent manquer pour faire face à la menace, la réaction de stress sera conséquente, il sera nécessaire d’y répondre pour ne pas se laisser envahir par elle.

Répondre au stress ? Le coping, un bon ami !

La réponse au stress s’appelle, dans notre jargon, le coping. Pour les non-anglophones, to cope (verbe anglais à l’origine de coping) veut dire « faire face ». Le coping correspond donc à un répertoire de comportements et de pensées qui permettra de répondre à un stress provoqué par une situation. Mais attention, toutes les stratégies de coping ne sont pas bénéfiques. Par exemple, certains gèreront leur stress en buvant un ballon de Chardonnay. Certes, cela peut avoir son effet sur le stress, mais les effets peuvent être nocifs sur le long terme. Il est donc nécessaire de repérer quelles stratégies sont bonnes ou mauvaises… Adaptées ou non. Voici quelques pistes.

Tout d’abord, il est nécessaire d’avoir à l’esprit que toute stratégie de coping adaptée dans une situation peut ne pas l’être dans une autre. N’essayez pas de détaler en courant lorsque vous éprouvez du stress chez le médecin lorsqu’il vous annonce un examen douloureux, cela risquerait de vous être délétère sur le long terme. En revanche, il parait plutôt adapté de courir face à un féroce lion vous fonçant droit dessus. Nous comprenons donc ici qu’il est fortement recommandé de disposer d’un répertoire assez conséquent de stratégies (ne vous en faites pas, vous savez le faire, il suffit juste d’en prendre conscience !). D’autres part, rien ne sert de se battre continuellement contre une situation jugée stressante en l’évitant à tout prix. L’affronter, avec un autre regard, peut être bénéfique. Prenons pour exemple une personne, nous l’appellerons Marcel. Marcel est un « stressé », il redoute de traverser la rue de peur de se faire happer par un camion. Il évite continuellement la situation et se retrouve donc coincé lors de ses ballades quotidiennes : il ne parvient qu’à faire le tour de son pâté de maisons. Seulement, un jour, en regardant par la fenêtre, il aperçoit une charmante voisine. C’est décidé, il doit aller la voir. Mais problème… Il doit traverser ! C’est alors qu’il réfléchit et utilise une stratégie de coping présente dans son répertoire : il se rassure en comparant les risques qu’il a de se faire renverser par un camion à ceux de se faire frapper par la foudre. Il constate que l’écart n’est pas si grand. Il parvient donc à vaincre son stress et à traverser. Magique ? Non, seulement Marcel a pris conscience qu’il était possible de combattre son stress.

Comme nous le disions, toute stratégie de coping n’est pas bénéfique. Elle sera adéquate si elle est adaptée à l’intensité et à la durée de la situation stressante ainsi qu’à son moment de survenue. Jouer du saxophone pour s’occuper l’esprit (et donc vaincre son stress) au milieu de la nuit ne parait pas très adapté ! Les actions mises en place pour vaincre le stress ne doivent par ailleurs par avoir de répercussions physiques négatives. Nous donnions l’exemple du recours automatique au Chardonnay, celui à la cigarette en est un autre exemple. En somme, et pour résumer, il n’existe pas de stratégie qui soit fondamentalement efficace. Il est nécessaire qu’elles soient adaptées à la situation, à la personne qui l’utilise (un vieillard ne risque pas d’aller courir un semi-marathon pour se détendre) et, surtout, qu’elles ne soient pas néfastes pour la personne.

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