Pour certains auteurs (Mc Farlane, M.Rizzi, H.Moldofski) l’intensité des douleurs diffuses et les points douloureux d’examen seraient en lien avec à la sévérité de la dyssomnie (ensemble de troubles du sommeil). La correction des troubles du rythme veille-sommeil des fibromyalgiques devrait être une priorité dans la prise en charge thérapeutique de ces patients.
Dès 1976, le Dr H.Moldofski, psychiatre canadien a démontré la possibilité de reproduire des symptômes fibromyalgiques par des épreuves de privation du sommeil chez l’homme sain volontaire. Selon lui, les sujets fibromyalgiques ont un sommeil entrecoupé de nombreux micro-éveils et cette hypervigilance nocturne cérébrale serait destructrice dans l’architecture du sommeil principalement au niveau du sommeil lent profond (stade 4 le stade réparateur).
Selon le Dr Moldofsky , ces anomalies ne sont pas dues à la douleur chronique mais en sont l’origine. Le sommeil n’a plus son rôle régénérateur.La fibromyalgie serait une sorte de « rhumatisme du sommeil ».
De nombreuses études polygraphiques ont démontré une altération du sommeil chez un patient atteint de fibromyalgie, une diminution de l’efficacité du sommeil, une augmentation du nombre d’éveils, une diminution du sommeil lent profond et surtout une activité alpha anormale en sommeil lent (véritable intrusion de l’éveil dans le sommeil profond altérant la fonction restauratrice du sommeil) ainsi que des complexes K-alpha (indices de la fragmentation du sommeil).
Par ailleurs, les patients fibromyalgiques peuvent présenter des supplémentaires nuisant au sommeil de qualité comme le syndrome d’apnées du sommeil et le syndrome des jambes sans repos.
Une récente étude canadienne publiée dans le Clinical Journal of Pain révèle que les fibromyalgiques se réveillent au moins 6 fois par nuit.
Un traitement rétablissant le sommeil pourrait soulager les patients souffrant de fibromyalgie.
D’autres chercheurs américains de l’Université de Californie à Berkeley aux États-Unis espèrent soulager la fibromyalgie en restaurant le sommeil des patients. Publiée dans le “Journal of Neurophysiology”, leur étude ouvre la voie à un traitement possible.
Selon les chercheurs, chez les patients atteints de fibromyalgie le sommeil profond est perturbé par des ondes cérébrales renvoyant à un état de veille les empêchant de dormir. Ce mécanisme serait à l’origine de leurs maux.
Un médicament connu pour améliorer le sommeil chez les patients atteints de fibromyalgie l’oxybate de sodium a vu son mécanisme étudié par les chercheurs.
Ces derniers ont constaté que ce médicament entraînait des modifications dans le thalamus ( une zone du cerveau régulant le sommeil, en restaurant la structure normale des ondes du sommeil profond). Ils ont plus précisément mis en lumière l’action de l’oxybate de sodium sur des canaux liés à un neurotransmetteur appelé GABA qui inhibe l’action du système nerveux et joue un rôle sur le sommeil. Il serait donc possible de rétablir le sommeil des patients en ciblant spécifiquement ces voies de transmission neuronale dans le thalamus.Pour les scientifiques, cette découverte ouvre la voie à un traitement potentiel de la fibromyalgie.
Traitement de l’insomnie : les nouvelles recommandations de l’American Collège of Physicians
L’American College of Physicians a publié dans la revue Annals of Internal Medicine, des lignes directrices pour la gestion de l’insomnie chronique chez les adultes sur la base d’une analyse des études cliniques randomisées publiées depuis 2016.
Selon l’American College of Physicians, la thérapie cognitivo-comportementale (TCC) doit être le traitement de première ligne pour les patients souffrant d’insomnie chronique .
La thérapie cognitivo-comportementale validée scientifiquement est une thérapie brève, qui vise à remplacer les idées négatives et les comportements inadaptés par des pensées et des réactions en adéquation avec la réalité .Les TCC sont des « thérapies actives » : le psychothérapeute échange avec le patient, le renseigne, lui propose des techniques, astuces… Parmi ces techniques figurent l’exposition (en imagination, thérapie par réalité virtuelle ou in vivo), la relaxation…
La TCC résoudrait ou atténuerait l’insomnie chronique chez 70 % à 80 % des personnes traitées, souvent sans médication.
Si la TCC seule est sans succès, l’American College of Physicians recommande que les médecins utilisent une approche de décision médicale partagée avec leurs patients décidant ensemble si un médicament doit être ajouté au traitement. Cela devrait inclure une discussion sur les bénéfices et les effets secondaires.