Notre cerveau est un instrument puissant. Il doit choisir la façon dont il utilise ses ressources. Trop de stimuli environnementaux pourraient faire « griller » notre cerveau s’il ne triait pas toutes ses informations perçues. Gérer notre monde complexe, planifier, organiser, décider, exige que nos cerveaux ne tiennent pas compte de tous les stimuli qu’il perçoit et de prêter attention qu’à certains.
De base, notre cerveau capte des informations, les trie, les hiérarchise et en ignore certaines.
Les choses sont différentes dans le cadre de la fibromyalgie.
L’étude « Habituation deficit of auditory N100m in patients with fibromyalgia. par les chercheurs Choi , Lim , Kim , Chung » apporte quelques éléments sur la gestion des stimuli par un patient fibromyalgique.
Ces chercheurs ont voulu savoir si un tri et une inhibition se produisaient à un niveau très basique.
De nombreux types de stimuli (température, pression, lumière, odeur) existent, mais ces chercheurs ont utilisé l’influence du son sur les cerveaux des patients fibromyalgiques. 19 patients fibromyalgiques ont été sélectionnés, ainsi qu’un panel de contrôle de 21 individus sains.
Ils utilisèrent un casque magnétique posé sur leur tête, des écouteurs dans leurs oreilles et une diffusion de diapositives, le tout en introduisant furtivement des petits sons. Les chercheurs ont ensuite mesuré les signaux électriques que ces sons évoquaient dans le cerveau. Pour des sons modérés au fil du temps le cerveau leur a pas prêté spécialement attention et est resté disponible pour d’autres stimuli comme la vue. Si les sons devenaient plus intenses, le cerveau ne restait plus disponible pour les stimuli visuels et semblait se « coincer ».
Les résultats
Les chercheurs ont constaté que le cerveau des patients fibromyalgiques restait obstinément fixé sur les sons sans pour autant s’y habituer. Le cerveau des patients fibromyalgiques échoue à l’inhibition. Par la même manière, il est probable qu’il ne parvient pas à inhiber les voies de production de la douleur.
Les patients fibromyalgiques ne sont pas les seuls à ne pas réussir à inhiber certains stimuli.
En effet, le même schéma a également été retrouvé chez les patients souffrant de migraines et du syndrome du côlon irritable.
Conclusion
Ceci suggère que la douleur chronique est associée au comportement d’un cerveau distrait, déficient à trier les informations et facilement débordé.
L’incapacité de désactiver son attention à des stimuli inoffensifs pourrait conclure à des difficultés à se concentrer et engendrer une fatigue mentale.
À la base, la fibromyalgie semble être plus une maladie de la douleur et de l’inhibition sensorielle qu’une maladie créant concrètement des douleurs.
Les voies de la douleur dans le cerveau ont besoin de répondre comme l’éclair lors d’une blessure, ils sont essentiellement toujours prêts à s’engager. Le problème avec la fibromyalgie est qu’ils ne sont jamais éteints. La maladie est de plus en plus considérée comme un trouble de l’inhibition.
Les auteurs suggèrent que les futures études porteront à la fois sur le gain sensoriel et les tous premiers stades de la transformation des stimuli dans le cerveau.
Sources : Étude intitulée « Habituation deficit of auditory N100m in patients with fibromyalgia » par W.Choi, M.Lim, JS Kim, CK Chung. 1.Interdisciplinary Program in Neuroscience, Seoul National University College of Natural Sciences, Seoul, Korea. 2.Neuroscience Research Institute, Seoul National University College of Medicine, Seoul, Korea. 3.Department of Brain and Cognitive Sciences, Seoul National University College of Natural Sciences, Seoul, Korea. 4.Department of Neurosurgery, Seoul National University College of Medicine, Seoul, Korea.