Différents travaux ont montré que 2 patients sur 10 auxquels un antidépresseur est prescrit ne le prennent pas. Et quand le traitement est commencé, il est souvent interrompu avant d’avoir pu être efficace. L’une des raisons de ces abandons est la survenue d’effets indésirables. Les antidépresseurs de seconde génération seraient en effet responsables d’au moins un effet indésirable dans 60 % des cas et, même si l’effet est le plus souvent mineur (constipation, diarrhée ou vertiges), il conduit fréquemment à l’arrêt du traitement.

Mais les anti-dépresseurs ne sont pas la seule option thérapeutique possible pour la dépression. Les thérapies cognitivo-comportementales ont aussi fait la preuve de leur efficacité. Reste toutefois à savoir si les deux options se valent.

Le British Medical Journal a publié récemment les résultats d’une revue systématique et d’une méta-analyse des travaux réalisés sur le sujet. Ont été notamment retenus 11 essais randomisés incluant au total 1 511 patients. L’analyse des résultats ne fait pas ressortir de différence dans l’efficacité des traitements par anti-dépresseur de 2ème génération ou par thérapie cognitivo-comportementale, qu’ils soient utilisés seuls ou ensemble. Cela se confirme tant sur la réponse thérapeutique (Risque relatif [RR] 0,91 ; intervalle de confiance à 95 % [IC] 0,77 à 1,07) que sur le taux de rémission (RR 0,98 ; IC 0,73 à 1,32) ou sur les modifications du score de Hamilton (différence moyenne – 0,38 ; IC – 2,87 à 2,10). Il n’est pas non plus retrouvé de différence significative sur le taux d’abandon de traitement (RR 0,90 ; IC 0,49 à 1,65) ni sur le taux d’abandon pour absence d’efficacité (RR 0,40 ; IC 0,05 à 2,91). Les auteurs précisent toutefois que ces conclusions doivent êtes interprétées avec précaution, les biais méthodologiques étant nombreux dans certains des essais considérés.

Notons que la prise en charge d’un patient atteint de dépression doit tenir compte, non seulement de l’efficacité du traitement proposé, mais aussi des préférences du patient, de sa tolérance éventuelle pour les effets indésirables attendus et du coût. Actuellement, le principal frein à la prescription d’une psychothérapie en première ligne est sans doute l’accès aux soins, tant du point de vue de la relative rareté de l’offre que de son coût.

Dr Roseline Péluchon